Dans le cadre de son exposition NOIRSIGNE à l’Artichaut galerie du 6 Septembre au 29 Octobre, Pedro nous présente son travail au travers d’une interview.
Pedro a toujours peint et dessiné. Et comme beaucoup de jeunes des années 90, il débute dans la rue avec ses potes. On l’a tous expérimenté : un groupe de potes d’une quinzaine d’année, un mur plus sombre que les autres, une bombe tournant de mains en mains… Et au final un résultat très conceptuel, oscillant entre des lettrages maladroits et une totale abstraction. “Mon premier test était nul. Aujourd’hui la peinture, c’est la peinture urbaine” nous explique l’artiste.
Ses influences et ses références, il les tire plus dans les musées que dans la rue. Et quand on voit ses fresques colorées et géométriques, on comprend pourquoi il cite Matisse et Picasso comme maîtres penseurs.
Pour Pedro, son statut d’artiste est pluriel. Il est à la fois peintre, sérigraphe et illustrateur. Membre du collectif 100pression depuis 10 ans et artiste depuis 15 ans, il a travaillé partout en France (Marseille, Paris, Toulouse, Saint-Malo), le plus souvent sur des spots éphémères. Ses murs les plus culottés ? “Les murs à trois grammes !”.
Son univers poétique et coloré parent les murs de nombreuses villes, mais Pedro a conscience que “à partir d’un certain temps, mes créations ne m’appartiennent plus à moi, mais au public.”.
Positif, il ne parle pas de meilleur souvenir mais de bons souvenirs, comme son exposition ZOULOU au jardin des plantes de Nantes pour le VAN2017. “Les mauvais on essaye des les oublier”.
. Giacometti ou Nicky de Saint Phalles ?
Giaco de Saint Phalles ! Giacometti pour la forme et Nicky de Saint Phalles pour les couleurs.
. Figuratif ou abstrait ?
Figabstrait. J’aime travailler la forme mais je tend vers l’abstrait pour laisser la forme s’effacer. Il existe une réelle tension entre les deux.
. Andy Warhol ou Basquiat ?
Basquiat pour le grain et la sauvagerie. L’aspect bestiale de son travail me plait beaucoup. Pour moi il représente la quintessence du peintre. Andy Warhol c’est plus pop et coloré. Il reprend les codes commerciales et les détournent.
. Banksy ou C215 ?
Banksy a plus de sens mais ça tend parfois vers une forme de démagogie. Son discours paraît parfois aller vers la facilité. Mais il est plus vandal dans son travail, donc plus important et plus impactant.
. Shepard Fairey ou Mr Brainwash?
Shepard Fairey pour ses origines. C’est un investigateur malgré l’aspect plus commercial de son travail aujourd’hui. Il reste une référence des années 90.
. Street art ou art urbain ?
Je me vois comme un muraliste, à la manière des suds américains. Quand ils vont dans la rue recouvrir un mur, ils ne se posent pas de questions. Le street art à une connotation vandale dans laquelle je me retrouve moins. Et puis ces deux termes sont étroitement liés.
Pour Pedro, LE bon spot c’est un mur brut, dans son jus, et visible. D’ailleurs, autre avantage de la rue, les rencontres. Un bon spot, au delà de la visibilité et donc de la force de frappe qu’il va apporter, c’est aussi l’occasion de croiser du monde, comme une mini effervescence culturelle. “La rue sera toujours disponible, c’est une notion qui lui est propre”.
Grâce à son travail au sein du collectif 100pression, Pedro a pu expérimenter le travail en collab. “J’aime travailler en collab même si ce n’est pas toujours évident. En groupe on gagne en impact et en discours, mais ça demande de la coordination et donc beaucoup de travail. Il faut arriver à trouver une technique qui permettra d’imbriquer les différents univers. “. Aucun projet ne se ressemble, et chaque projet est un enrichissement. Il évoque ainsi un échafaudage assez casse-gueule durant un projet en Afrique.
Il créé pour lui même et pour les autres, dans la mesure où ils apprécient, le but premier de Pedro est d’apporter de la poésie dans la ville.
. Comment réagis tu quand tu te fais toyer ?
Je laisse pisser. Bien sur ça blesse l’égo mais j’ai autre chose à faire et puis ça fait parti du jeu. Pour faire la guerre il faut être deux et j’ai pas envie de me faire chier.
. Esquisse ou feeling ?
Les deux. je commence avec de brèves esquisses mais je fonctionne beaucoup au feeling, pour le pire comme pour le meilleur.
. Solo ou crew ? Solo show ou expo collective ?
Les deux dans les deux cas. ça fait maintenant 10 ans que je suis membre de 100pression, le collectif est indissociable de ma vie artistique. Les expos collectives permettent de proposer des univers différents, d’avoir une impulsion différente et d’atteindre d’autres lieux, avec d’autres moyens. Les expos solo sont toutes aussi intéressantes, il faut pouvoir monter une expo de A à Z, et donc fournir beaucoup de travail.
. Couleur ou N&B ?
Couleur, même si NOIRSIGNE sera plus dans un univers noir et blanc.
Quand on lui demande si il est plus White Cube ou street, il répond avec simplicité que les deux sont tout aussi intéressant. “J’aime travailler à partir d’un endroit vierge et tout construire, tout créer. Mais il affectionne particulièrement l’idée de donner un second souffle à un lieu préexistant.”.
Entre plusieurs expos (Nantes, Marseille, Saint-Malo) et d’autres projets (Les Folies des plantes, un salon de mode à Paris), l’année de Pedro s’annonce chargée !
. Trois mots pour présenter ton univers ?
Coloré, poétique et urbain
. Trois mots pour nous faire venir à ton expo ?
Trois prénoms : Coko, Jeannot et Pedro !
. Le mot de la fin ?
Le mot de la fin se serait plutôt le début de l’histoire… Jean m’a contacté à la naissance de l’Artichaut en me disant qu’il aimerait beaucoup travailler avec moi. Sa démarche m’a touchée et j’ai été content de lui rendre la pareil. Cette expo c’est un plaisir partagé pour nous deux. Et je suis aussi content de la naissance d’un nouveau lieu d’expression à Nantes.
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